EDITO_2022
Pour cette deuxième édition, le Festival Au Tour Des Cordes garde le cap de sa navigation initiale dans les eaux mélodiques et suaves des musiques traditionnelles et contemporaines du monde. Cet événement né des eaux, prend sa source dans l’ADN même de la ville qui l’a enfanté. La situation géographique privilégiée de Saint-Louis sur le Delta du Fleuve Sénégal favorise une expédition ; à la fois de pénétration des terres africaines via son fleuve qui sépare les dunes du Sahara de la savane du Ferlo ; tout en embrassant le reste du monde, juché sur les cimes swinguantes de l’Atlantique. Un itinéraire naturel que compte suivre, au gré des ondes et des flots, des brises et des airs, des cascades et rythmes saccadés, le Festival Au Tour des Cordes.
La programmation musicale de cette année est tout aussi singulière de par ses choix qu’éclectique de par sa composition. Elle invite à un voyage ponctué par une série d’escales qui offrent des moments uniques de sybaritisme, de volupté et d’enseignement. L’embarcation part délicatement du fleuve Bouregreg qui a vu naître guembriste Majid Bekkas et l’incomparable oudiste Driss El Maloumi, en direction de l’énergique Chélif qui ne cesse d’abreuver l’inspiration de Nesrine Belmokh. Le périple musical se poursuit le rapprochement des mers Méditerranée et Caspienne avec la rencontre entre Ghalia Benali et Kiya Tabassian. C’est en compagnie de la pianiste Mira Abualzulof et la violoniste Lamar Elias de CharqGharb que cette programmation nous porte jusqu’au Golfe d’Aqaba et la Mer Rouge, avant de prendre la route chaloupée du mythique Yangzi Jiang qui abreuve Sissy Zhou partout où elle porte son qin. Traversons maintenant quelques latitudes sur l’Océan Indien, un détour par les Grands Lacs d’Afrique de l’Est à la renconte de Sophie Nzayisenga qui révolutionne la tradition exclusivement masculine du inanga sous le regard paisible du Nyabarongo. Puis accostons quelques instants sur l’Île Rouge de Rajery pour une traversée en valiha malgache vers le Pacifque, plus précisément vers l’Argentine, sur le Paraná pour faire un bout du voyage avec Sandra Rumolino et son Tango Entre Cordes.
Une des prouesses réalisées par le Festival c’est, de façon inédite, parvenir à amarrer la précieuse Zâyandeh-Roud perse du très mystérieux Vilcanota
des Andes avec le duo Perse/Inca formé par Showan Tavakol et Federico Tarazona. Et pour boucler la boucle, puisqu’il s’agit d’un voyage avec retour, une dernière traversée de l’Atlantique nous amène à jeter l’ancre dans le Sénégal où les basses vibrations de Maah Keita la flle du Saloum, les accords éthérés des Frères Guissé, dignes héritiers des chœurs polyphoniques du Tekrour et la délicieuse et nostalgique voix d’Amira Abed la nouvelle pépite musicale du Sénégal, nous accueillent chaleureusement. Le voyage s’achève avec un invité qui a la particularité de refonder, à lui tout seul, le grand empire du Mandingue du Niger jusqu’au Sénégal en passant par le Mali. L’illustre Bassekou Kouyaté et son Ngoni Ba clôtureront donc cette deuxième édition déjà inscrite sous le signe d’une odyssée musicale lymphatique
et rhizomique.
Le Festival Au Tour Des Cordes, c’est aussi des créations in situ avec des artistes tel que le légendaire guitariste Vieux Mac Faye, le prodigieux chanteur Abdou Guité Seck et l’impressionnant oudiste et guembriste Majid Bekkas. Des collaborations qui font état du caractère liquide des cultures, leur fluidité et surtout leur porosité qui favorisent, dans l’affirmation vitale des singularités, la réinvention des perceptions dans le brassage.
La circulation des savoirs vient compléter cet élargissement des visions avec une conférence sur le thème Musique, patrimoine et histoire à travers les instruments. Mais également des ateliers destinés aux scolaires sur la découverte de lointains
instruments traditionnels ; leurs histoires, leurs sonorités et leurs places dans les sociétés actuelles.
Des Master class sont, d’un autre côté, proposées aux artistes locaux pour leur donner l’occasion d’apprendre à maîtriser des techniques particulières par lesquelles les artistes programmés se distinguent.
En fin, cette année, le Festival offre à son public une déambulation poétique et touristique pour revisiter le patrimoine matériel et immatériel de Saint-Louis. Les 28, 29, 30 et 31 octobre 2022, ce sont les cultures du monde qui seront en fête par la grâce de la Téranga saint-louisienne.
L’équipe du Festival